La Bible répond : Se reposer sans adorer ?

Méditations spirituelles 29/06/2022

Ángel Manuel Rodríguez | Adventist World, mai 2022

Question : Un observateur du dimanche m’a dit que dans la Bible, le sabbat était un jour de repos, et non d’adoration. Selon lui, puisque le sabbat a trouvé son accomplissement dans le repos que nous procure la grâce en Christ, son observation n’est plus nécessaire aujourd’hui. Sur le plan biblique, cet argument tient-il la route ? 

La plupart des chrétiens évangéliques de même que les catholiques se servent des arguments que vous avez résumés pour soutenir que les chrétiens ne sont plus tenus de se reposer un jour quelconque. Par ailleurs, ils affirment que les chrétiens choisissent d’adorer Dieu le dimanche, et non de se reposer. De toute façon, ajoutent-ils, à l’époque des Romains, il était impossible pour les chrétiens d’observer un jour de repos. Voici trois concepts clés qui suggèrent exactement le contraire.

UN JOUR DE REPOS ET D’ADORATION

La Bible montre clairement que le sabbat était un jour de repos en tant que mémorial du repos de Dieu à la création (Ex 20.8-11 ; Gn 2.1-3). Dire que le sabbat n’était pas un jour d’adoration est, par conséquent, une fausse affirmation. Premièrement, déconnecter le sabbat de l’adoration revient à en faire un jour séculier au cours duquel les gens prenaient simplement un jour de congé pour rester chez eux. Une telle compréhension séculaire du temps ne figure pas dans la Bible. Deuxièmement, les Écritures relient étroitement

le repos et l’adoration. Le livre de l’Exode établit clairement que le sabbat est un jour de repos (20.8-10), puis donne la raison pour laquelle il est considéré comme un jour d’adoration : c’est le jour où l’on se souvient du Créateur qui l’a béni et sanctifié (v. 11). Dans Deutéronome, le sabbat est un jour de repos (5.13-14) et un jour d’adoration au cours duquel nous devons nous souvenir de notre rédemption (v. 15). Le souvenir de notre créateur et de notre rédemption est au cœur même de l’adoration biblique.

UN JOUR DE REPOS ET D’ADORATION, ENCORE ET TOUJOURS

La conviction que le repos du sabbat a été mis de côté lorsque Christ l’a accompli ne jouit d’aucun soutien biblique. On ne trouve aucun passage biblique montrant que Jésus a anticipé la mise à l’écart du sabbat. En fait, il a prévu que ses disciples observeraient le quatrième commandement (par ex., Mt 24.20). Pour Jésus, le sabbat était non seulement un jour de repos, mais surtout un jour d’adoration au cours duquel il désignait son Père comme un Dieu miséricordieux et aimant. L’Ancien Testament lui-même a anticipé la permanence du quatrième commandement. Ésaïe décrit le sabbat comme un jour de communion avec le Seigneur (Es 58.13,14). Se projetant dans les temps eschatologiques – lorsque Dieu créera un nouveau ciel et une nouvelle terre – il cite le Seigneur : « De nouvelle lune en nouvelle lune et de sabbat en sabbat, tous viendront se prosterner devant moi, dit le SEIGNEUR1. » (Es 66.23, NBS) La combinaison biblique du repos et de l’adoration pendant le sabbat, ainsi que l’universalisation du commandement ne doivent pas être ignorées.

ET LES PREMIERS CHRÉTIENS ?

Certains affirment que dans la société romaine, il était pratiquement impossible d’avoir un jour de repos. C’était pourtant loin d’être le cas ! Les preuves historiques dont nous disposons démontrent que le sabbat juif était si bien connu dans tout l’Empire romain que de nombreux non-juifs se reposaient le jour du sabbat, probablement pour des raisons de superstition2. Le Nouveau Testament montre qu’il y avait des païens « craignant Dieu » qui observaient le sabbat (par ex., Ac 10 ; 13.16 ; 17.4). Ils bénéficiaient des droits accordés aux Juifs par le gouvernement romain de se reposer et de rendre un culte à Dieu pendant le sabbat3. L’affirmation selon laquelle il était impossible dans la société romaine d’observer le sabbat en tant que jour de repos et d’adoration est donc sans fondement.

Le repos en Christ n’est pas incompatible avec l’observation du sabbat, car le sabbat est un mémorial de son œuvre de rédemption, laquelle remplit notre cœur d’amour et nous pousse à nous prosterner devant lui pour l’adorer.


1 Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.

2 Voir Victor A. Tcherikover, « The Sambathions », dans Corpus Papyorum Judaicurum, Cambridge, Harvard University Press, 1964, 3:43-53.

3 Voir Irina Levinskaya, « Godfearers », dans The New Interpreter’s Dictionary of the Bible, éd. Katharine Doob Sakenfeld, 5 vols., Nashville, TN, Abingdon, 2007, vol. 2, p. 619-620.


Ángel Manuel Rodríguez maintenant à la retraite, a été pasteur, professeur et théologien.