L’alcool – bon pour le cœur ? Coup d’œil sur les faits

Méditations spirituelles 20/04/2022

Peter N. Landless et Zeno L. Charles-Marcel | Adventist World, avril 2022

Question : J’ai 25 ans et je termine un diplôme d’études supérieures. La plupart de mes amis et de mes camarades de classe boivent de l’alcool, prétendant que c’est bon pour le cœur. Qu’en est-il vraiment ? 

Voilà une excellente question ! C’est Serge Renaud – un scientifique et chercheur d’origine française – qui, le premier, a attribué des bénéfices pour la santé cardiaque à la consommation de vin. Il a mis au compte de cette consommation – « le verre invitant », comme il l’a décrit – le nombre plus faible de crises cardiaques dans la population française par rapport aux autres populations ayant un régime alimentaire similaire en Europe.

Publiée en 1992, l’hypothèse de Renaud a été baptisée « le paradoxe français ». En 1991, Renaud a été interviewé dans le cadre de la populaire émission de télévision américaine 60 Minutes. Suite à de nombreuses rediffusions, cette émission a été vue par plus de 50 millions d’Américains. L’année suivante, les ventes de vin ont grimpé de 40 pour cent aux États-Unis, et l’exportation de vins français a plus que doublé entre 1994 et 19981 ! Ce bref historique permet de situer le contexte des débats actuels et l’influence significative de l’industrie de l’alcool dans cette conversation.

De nombreux articles sur les prétendus avantages d’une consommation modérée d’alcool pour la santé cardiaque ont été publiés dans la littérature scientifique. Il existe aussi un ensemble très solide de publications qui révèlent les problèmes importants de nombreuses études sur la consommation d’alcool – notamment le grand nombre de variables confondantes, le risque d’abus et de dépendance, les problèmes méthodologiques liés à l’évaluation du niveau et de la durée de la consommation d’alcool au cours de la vie, les différences significatives dans les populations étudiées, et les comparaisons pour parvenir à cette conclusion positive2.

Les non-buveurs représentent un groupe très diversifié, ce qui ajoute à la confusion. Il est essentiel de prendre en compte les variations telles que les antécédents de consommation d’alcool, l’accès aux soins de santé et à l’assurance maladie, l’éducation, et les facteurs socio-économiques. Des études très étendues et fort convaincantes utilisant des données mondiales confirment les limites des preuves d’un effet bénéfique de la consommation modérée d’alcool. Leur conclusion : « Les preuves des effets nocifs de l’alcool sont sans aucun doute plus fortes que celles des effets bénéfiques »3. Il est aussi important de noter qu’on ne rapporte aucun avantage pour la santé cardiaque pour les jeunes, et que les personnes les plus vulnérables aux complications liées à la consommation d’alcool se situent entre 19 et 45 ans.

L’alcool reste le troisième facteur de risque le plus important pour la charge mondiale de morbidité. La consommation d’alcool fait peser de nombreux fardeaux sur les familles ; on remarque, entre autres, une forte association avec la violence conjugale. L’alcool engendre la dépendance. La consommation d’alcool est fortement associée à la criminalité et à la violence. Même les prétendus avantages cardiaques sont largement compensés par les risques accrus de cancer, d’accidents vasculaires cérébraux, et de maladies cardiovasculaires en général. L’alcool est un agent cancérigène connu ; il n’existe pas de niveau de consommation d’alcool qui soit sans danger connu et qui puisse éviter cette redoutable complication sanitaire4.

Globalement, la science montre clairement que le niveau de sécurité de la consommation d’alcool est « zéro ».

Plus récemment, la Fédération mondiale du cœur a émis de fortes mises en garde sur la consommation d’alcool5.

Par conséquent, lisez, restez informé. Choisissez la santé et la vie en abondance – évitez complètement l’alcool !


1 Dominique Lanzmann-Petithory, « Professor Serge C. Renaud (1927-2012): French Paradox and Wine Active Compounds », Wine Studies 3, n° 1, 10 décembre 2014, p. 7, 8.

2 Alain Marchand, Andree Demers, Pierre Durand, et al., « The Moderating Effect of Alcohol Intake on the Relationship Between Work Strains and Psychological Distress », Journal of Studies on Alcohol 64, n° 3, mai 2003, p. 419-427.

3 Hans Olav Fekjaer, « Alcohol—A Universal Preventive Agent? A Critical
Analysis », Addiction 108, n° 12, décembre 2013, 2051-2057, publié électroniquement avant impression.

4 https://adventistreview.org/news/there-is-no-safe-level-of-alcohol-use/.

5 https://world-heart-federation.org/wp-content/uploads/WHF-Policy-Brief-Alcohol.pdf.


Peter N. Landless est cardiologue spécialisé en cardiologie nucléaire, et directeur du Ministère de la santé de la Conférence générale.

Zeno L. Charles-Marcel, M.D., est directeur adjoint du Ministère de la santé de la Conférence générale.