Science et foi vont de pair

Méditations spirituelles 23/09/2021

Adam Clayton Powell IV | Adventist World, septembre 2021 p. 16-17.

La science et la foi sont allées de pair pendant des siècles. De nombreux pionniers des mathématiques et de la science étaient, en effet, de fervents chrétiens. Je pense, entre autres, à Kepler, Pascal, Mendel, Kelvin et Carver. Comme l’a écrit David : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains. » (Ps 19.2) Ces scientifiques considéraient l’étude des lois de la nature comme une expression de leur foi, comme un acte d’adoration. Aujourd’hui, les discussions sur Dieu et la science sont obscurcies par l’évolution ou la cosmologie, bien que je les considère dans la catégorie des modèles empiriques du passé, plutôt que dans la méthode scientifique des expériences répétables.

TÉMOIGNAGE PERSONNEL

Le lien entre la foi et la science m’a apporté dans ma propre vie un sens et une orientation, un développement personnel, une éthique et l’humilité. En tant que professeur d’ingénierie, j’utilise des expériences ciblées pour résoudre un problème. Mes propres travaux, à l’intersection du génie des matériaux, de la mécanique et de la chimie, portent sur la production de métaux, et sur la génération, la conversion et le stockage d’énergie en vue de réduire, d’éliminer ou de limiter les émissions de gaz à effet de serre. En fait, ma focalisation sur ce sujet se fonde en grande partie sur ma foi en tant que moyen d’utiliser mes dons pour résoudre un problème urgent.

L’intersection la plus directe entre ma foi et mon travail se produit lorsque je prie pour avoir des idées. Cela est d’autant plus évident lorsque mes propres efforts échouent : la prière m’éclaircit l’esprit, me focalise, et me rend humble. Une fois, après la présentation d’une conférence dans laquelle je n’avais obtenu des résultats que par la grâce de Dieu, un membre de l’auditoire s’est approché de moi et m’a demandé si j’étais chrétien – il a dit qu’il discernait de l’humilité dans mon attitude, l’humilité de celui qui a vu la puissance de Dieu s’accomplir dans sa faiblesse (voir 2 Co 12.9). La foi m’a également conduit à donner la priorité aux gens et à leur développement. Pour l’avancement de leur carrière, j’encourage souvent les étudiants à changer d’institution ou de groupe de recherche après avoir obtenu un diplôme ou franchi une étape importante – même s’il serait plus avantageux pour mes recherches qu’ils continuent à travailler avec moi. Encore une fois, cela n’est pas réservé à la science ; nous pouvons et devons tous promouvoir les intérêts de ceux qui nous entourent.

Dans le domaine des sciences, le fait d’être à l’avant-garde d’une discipline, aussi petite soit-elle, nous aide à voir tout ce que nous ne savons pas et ne saurons probablement jamais. Le blason original de Harvard avait l’un de ses trois livres tourné vers le bas pour représenter « les limites de la raison et le besoin de la révélation de Dieu ». Deux cents ans après sa conception, Harvard a tourné le troisième livre vers l’avant, alors qu’en 1843, ses régents, constatant les progrès rapides de la science, croyaient que toutes les connaissances avaient été révélées ou le seraient bientôt. Parce que la quasi-totalité de l’enseignement scientifique obligatoire et la couverture médiatique de la technologie se concentrent sur les faits établis et les réalisations, il est difficile pour beaucoup de comprendre les limites et l’incertitude.

METTRE LA THÉORIE EN PRATIQUE

Mais la leçon d’humilité est plus grande encore quand on constate que les gens n’agissent pas sur la base de connaissances bien établies, comme les talents enfouis dont Jésus parle (Mt 25.14-30) ou le psaume 127. Par exemple, lors de la pandémie de COVID-19, les scientifiques américains ont rapidement appris à connaître le virus et ont développé les premiers vaccins les plus efficaces. Mais les messages politiques ont entravé les efforts de prévention, et nos taux d’infection et de surmortalité ont éclipsé non seulement ceux de la Nouvelle-Zélande et de la Corée du Sud – deux pays qui ont utilisé efficacement l’expertise médicale – mais aussi ceux de la plupart des pays à faible revenu, depuis l’Érythrée jusqu’à Haïti*. Il en va de même avec mon domaine de l’atténuation du changement climatique, où les États-Unis sont humiliés devant le passage de la Norvège aux véhicules électriques – dont beaucoup sont fabriqués aux États-Unis – et encore plus par le Bhoutan et le Costa Rica, lesquels sont déjà ou seront bientôt carboneutres.

Lorsque j’étais aux études secondaires, j’ai verbalisé comme suit cette dichotomie entre la technologie et son déploiement utile. En tant qu’ingénieur, je voulais contribuer à résoudre les « petits problèmes » du monde, que j’ai listés comme suit :

  • l’agriculture, pour nourrir une planète en pleine croissance ;
  • la recherche médicale, pour permettre aux gens de vivre plus longtemps et en meilleure santé ;
  • le transport et les communications, pour établir des relations transfrontalières et réduire les causes de conflits ;
  • les interactions humaines avec l’environnement, pour un développement durable ;
  • l’accès à l’information, car le plus grand ennemi d’un dictateur, c’est la vérité.

Tous ces éléments sont importants. Mais si les scientifiques et les ingénieurs font bien leur travail, nous aiderons les artistes, les économistes, les travailleurs sociaux, les dirigeants religieux et les politiciens à s’attaquer aux « gros problèmes » que j’ai listés comme suit :

  • la paix entre les nations, et la sécurité dans nos quartiers ;
  • la prévention et l’atténuation des famines ;
  • l’éducation pour développer l’autonomie et la confiance, en particulier pour les marginalisés ;
  • les soins de santé pour ceux qui en ont le plus besoin ;
  • la justice, y compris une distribution économique juste ;
  • la vérité dans le journalisme et l’histoire ;
  • un but et un sens à nos vies, et l’expression artistique de ce but et de ce sens.

LA TOLÉRANCE DES DIFFÉRENCES

Une conséquence importante de cette compréhension des « petits problèmes » et des « gros problèmes », c’est qu’être un scientifique ou un ingénieur exige de croire que notre travail sera utilisé pour le bien et non pour le mal. Même si nous ne travaillons pas sur la science ou l’armement nucléaires, les événements du 11 septembre 2001 ont montré que, même si l’on se focalise sur des technologies non militaires, un avion de ligne civil – construit pour rassembler les gens – peut être utilisé de façon abusive comme une arme de destruction massive par des individus suffisamment remplis de haine. En tant qu’ingénieur, ça m’a fait peur. Je crois que ça nous oblige à avoir davantage confiance dans les personnes, les institutions et les systèmes qui entourent la technologie.

Je préférerais vivre dans un monde dans lequel nous résolvons les gros problèmes, mais pas les petits – un problème de démocratie, mais aussi des défis avec l’énergie ou la nutrition, plutôt que l’inverse, comme dans le fascisme ou une dystopie à la Mad Max avec sa perfection technologique. Ça ne veut pas dire que le travail dans le STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) n’a pas d’importance. Il s’agit plutôt d’un catalyseur : les nouvelles technologies peuvent réduire considérablement l’impact d’une pandémie et le coût de la réduction des émissions climatiques. Grâce aux incitations économiques et au financement de la recherche et du développement, les prix de l’énergie éolienne et solaire ont chuté respectivement de 75 pour cent et de 90 pour cent entre 2007 et 2019.

Ainsi, nous continuons à explorer la création de Dieu, plus vaste que ce que nous ne pouvons même imaginer. Et nous travaillons dur pour utiliser les dons matériels et les connaissances que Dieu a données afin de créer des outils permettant d’améliorer la vie les uns des autres. Mais nos limites nous donnent une leçon d’humilité : nous restons ouverts à l’idée que ce que nous pensons savoir pourrait s’avérer faux. Cette ouverture d’esprit est l’essence même de la recherche scientifique, de la conception technique, et de la marche chrétienne, alors que toutes trois avancent main dans la main.


* Voir sur le site suivant : https://www.brookings.edu/blog/future-development/2021/05/27/covid-19-is-a-developing-country-pandemic/.


Adam Clayton Powell IV, professeur adjoint d’ingénierie mécanique à l’Institut polytechnique de Worcester, se focalise sur les nouvelles technologies zéro émission pour l’aviation, etc. Il est le trésorier de l’église Boston Temple Seventh-day Adventist Church, et habite dans le Massachusetts, aux États-Unis.