« Lâchez pas ! » Pourquoi renoncer à ce que Dieu a de meilleur pour votre vie ?

Méditations spirituelles 17/05/2021

May 2021 | Randy Fishell | Adventist World

J ’agrippe le volant et serre les dents. Si j’arrive à conduire un peu plus loin qu’hier, je finirai par conduire partout où je veux aller.

Non, ce n’est pas un étudiant en conduite auto- mobile qui tente de maîtriser l’art de la conduite. Malheureusement, c’est moi – un adulte d’une trentaine d’années aux prises avec un trouble anxieux appelé agoraphobie. J’essaie de vaincre ce trouble par la « désensibilisation systématique » ou « thérapie d’exposition ». L’idée, c’est d’affronter ma peur, soit conduire au-delà de ma « zone de sûreté ». Les autoroutes qui n’ont que peu de sorties sont particulièrement problématiques. C’est que ma première véritable crise de panique s’est produite sur la Dan Ryan Expressway de Chicago, aux États-Unis. Mon cerveau m’a fait croire que si j’évite de voyager dans certaines conditions, notamment en conduisant seul sur une autoroute, tout ira bien. Mais aujourd’hui, après des années d’évitement qui m’ont rendu parfois incapable de conduire seul, même à quelques rues de chez moi, j’essaie désespérément de désapprendre mes comportements d’évitement.

Si vous cherchez le mot « agoraphobie » sur Internet, vous découvrirez qu’il s’agit d’une « peur des espaces ouverts » ou de quelque chose du genre. À mon avis, ce n’est pas une bonne définition. Pour la plupart des gens, l’agoraphobie consiste à éviter une situation qui déclenche une crise de panique. Et, vous pouvez me croire, j’en sais quelque chose ! Pendant des décennies, j’ai lutté contre l’agoraphobie, le trouble obsessionnel-compulsif, et le trouble panique. Vous n’avez jamais fait de crise de panique ? Alors, soyez-en reconnaissant ! La transpiration, l’essoufflement, les battements de cœur et autres symptômes qui s’ensuivent donnent à la plupart des victimes l’impression qu’elles sont en train de mourir. Ce n’est évidemment pas le cas, mais un cerveau convaincu contre sa volonté est toujours du même avis. Je peux vous dire que si les attaques de panique ne sont pas dangereuses, en revanche, elles sont terrifiantes au plus haut point.

Ainsi, je n’ai qu’à affronter ma peur pour qu’elle disparaisse. Ça semble parfaitement logique, non ? Par conséquent, je persévère jour après jour, semaine après semaine, avec peu de choses pour compenser ma misère. Oh, je fais bien sûr quelques progrès – enfin, quelques kilomètres de conduite sans panique, durement gagnés. Mais en repensant à ces jours de jeunesse où je faisais de l’auto-stop, où je faisais des voyages en solitaire et prenais l’avion, la « victoire » de partir de chez moi et de rouler pendant 13 km me semble soudain bien insignifiante…

Et pourtant, j’essaie très fort ! Et je prie avec ferveur ! Je deviens même pasteur, cachant du mieux possible mon dysfonctionnement honteux à la congrégation. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les visites aux membres d’église ne sont pas mon point fort. Finalement, je démissionne du ministère pastoral surtout à cause de mon problème de santé mentale. Je range mon diplôme de maîtrise en pastorale dans une boîte et retourne dans la vente au détail.

Mais, chose étrange, je ne perds jamais espoir ; je n’abandonne pas mon rêve d’être libéré des chaînes du trouble anxieux.

Et il se trouve que Dieu partage mon rêve ! Mes problèmes de santé mentale ne l’aveuglent pas. « Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux existât. » (Ps 139.16, NIV) Mon Père céleste sait ce que je devrai affronter un jour. Quant à moi, ce que je ne sais pas encore, c’est à quel point il sera à mes côtés, à quel point il me donnera les moyens d’agir en son temps, tandis que j’entretiens ma foi et ma confiance en lui.

Moins d’un an après avoir quitté le ministère pastoral, j’accepte un poste à la rédaction de la Review and Herald Publishing Association. Je confie à mon interlocutrice (et future patronne) ma situation, y compris mes difficultés de déplacement. Jamais je n’oublierai sa réponse pleine de grâce : « Randy, au fil des ans, j’ai appris une chose : la douleur d’une personne nous rend beaucoup plus sensibles aux difficultés d’autrui. » Puis elle sourit et ajoute : « Ta situation ne pose pas problème. » Je finis par occuper son poste de rédacteur en chef. Et je m’efforce de transmettre, comme elle, la tradition de la compréhension et de la grâce.

Les années filent. Je fais peu de progrès dans ma capacité à conduire et à voyager, mais l’espoir est pour moi un compagnon constant. Et même s’il m’arrive de flirter avec l’abandon, il y a Quelqu’un qui ne me laisse pas faire. Cependant, je pécherais par omission si je n’admettais pas que le désespoir se pointait de temps en temps. Curieusement, c’est au cours de cette période que ma délivrance se produit.

UNE SOLUTION À L’HORIZON

Jusqu’à présent, je me suis dit que je peux me désensibiliser ou simple- ment me frayer un chemin pour sortir du gouffre du trouble anxieux. La dure vérité, c’est que rien n’a encore marché pour moi. En désespoir de cause, je prends rendez-vous avec un psychiatre. J’aurais dû faire ça beau- coup, beaucoup plus tôt. Après avoir écouté attentivement mon histoire, y compris mes antécédents génétiques, le Dr Wagner prononce sept mots que j’ai espérés entendre pendant plus de 20 ans : « Je pense que je peux vous aider. » Son protocole comprend une médication – ce à quoi j’ai longtemps résisté – et une psychothérapie avec un conseiller qualifié.

Six mois plus tard, je parcours seul près de 105 kilomètres de chez moi à l’Aéroport international de Dulles. Je prends ensuite l’avion pour Orlando, en Floride. Après un merveilleux week-end dans l’État du soleil, je reprends l’avion pour Dulles, et à mon arrivée, me glisse derrière le volant de ma voiture. Sur le chemin du retour, je ralentis pour savourer à nouveau le plaisir de conduire. En son temps, Dieu a utilisé un psychiatre compatissant pour m’aider à résoudre mon problème.

Voici une chose à retenir au sujet de la persévérance : même si on a parfois envie d’abandonner, on ne doit jamais oublier ceci : « Notre Père céleste dispose de mille moyens de nous venir en aide, dont nous n’avons aucune idée*. » Il y a une place pour la thérapie d’exposition et de nombreuses autres solutions aux troubles de l’anxiété. Mais si je n’avais pas persévéré malgré mon découragement occasionnel, les choses auraient pu se passer différemment – très différemment. Avec Dieu dans le décor, même dans les moments les plus sombres, nous pouvons faire nôtres ces paroles des Écritures : « Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l’extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus » (2 Co 4.8,9). Avec du recul, aurais-je voulu que Dieu arrange les choses plus tôt ? Non. J’ai confiance que ses voies et son timing sont les meilleurs.

À l’époque où le trouble anxieux commençait à s’imposer dans ma vie, il y avait une émission de télévision américaine intitulée Then Came Bronson. Bronson était un motard qui parcourait le pays juste pour l’expérience. Au début de chaque épisode, il s’arrête à un feu rouge à côté d’un banlieusard épuisé, à bord de son break. Par la vitre du côté conducteur, l’homme regarde avec nostalgie
la moto, puis son conducteur.

« Qu’est-ce que j’aimerais être à votre place ! » dit le conducteur à Bronson. Et chaque semaine, Bronson regarde l’homme avec sympathie et lui répond : « Eh bien, lâchez pas ! » Et alors, le feu tourne au vert, et les deux hommes poursuivent leur chemin.

« Lâchez pas ! », c’est la façon d’antan de dire « Persévérez ! » Dieu, à vos côtés, vous aidera à passer à travers les périodes difficiles.


*Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 321.


Randy Fishell est un ancien rédacteur en chef de la revue Guide. On peut lire le récit de son expérience des troubles anxieux dans le livre An Anxious Kind of Mind, que l’on peut se procurer sur les sites suivants : adventistbookcenter.com et amazon. com. Randy est membre de l’Alliance nationale pour la santé mentale.