Développer la résilience des enfants et des jeunes

Méditations spirituelles 16/05/2021

Mai 2021 | Alina Baltazar | Adventist World 

Personne n’est à l’abri des défis de la vie. La pandémie de COVID-19 l’a bien fait comprendre à tous les sceptiques et a propulsé la question de la “résilience” au premier rang des sujets d’actualité populaires.

La résilience, c’est la capacité à maintenir un fonctionnement compétent face aux principaux facteurs de stress de la vie. Puisque les problèmes sociaux subsistent, comment créer une culture dans laquelle les enfants peuvent réussir malgré des expériences de vie défavorables ? La résilience n’est pas un trait de personnalité avec lequel on naît, mais plutôt une capacité qui se développe avec le temps. Imaginez que la résilience est une balance à plateaux : sur un plateau, il y a les expériences de vie négatives, et sur l’autre, les facteurs de résilience. Plus un enfant possède de facteurs de résilience, plus il sera en mesure de faire face aux difficultés qui se présenteront inévitablement à lui.

La résilience se manifeste aux niveaux individuel, interpersonnel, et communautaire.

RECONNAÎTRE LES LIMITES

Avant d’examiner comment développer la résilience, nous devons d’abord en reconnaître les limites. Les expériences négatives vécues dans l’enfance ont un effet cumulatif. Plus une personne subit de traumatismes dans son enfance, plus les conséquences émotionnelles et physiques sont malheureuses. C’est pourquoi une intervention précoce est essentielle pour en limiter l’impact négatif. Nous ne voulons pas dire ici que ce dont nous discuterons dans cet article ne peut pas aider un enfant qui a vécu une grave adversité, mais simplement que l’amélioration peut être limitée.

Sur le plan individuel, on détecte chez les enfants plus résilients, en matière de personnalité, certaines caractéristiques. Ceux qui ont confiance de pouvoir bien se maîtriser, qui sont capables de s’adapter aux changements de la vie, d’établir des liens avec les autres, qui ont un sens de la foi et de l’espérance, qui sont extravertis et dotés de bonnes compétences en matière de gestion du stress affrontent généralement mieux les stresseurs de la vie. Si certains enfants sont plus susceptibles de naître avec de telles forces, en revanche, celles-ci peuvent se développer également dans le cadre de relations.

DÉVELOPPER L’ESTIME DE SOI

La résilience commence par le développement de l’estime de soi, mais cela ne se fait pas tout seul. L’estime de soi se développe par la réaction des autres à ce que nous faisons et à ce que nous sommes en tant que personne. Un tel développe- ment se produit donc par les relations et commence, idéalement, à la maison. Chaque enfant a ses points forts. Soyez précis et honnête dans vos encouragements afin que votre enfant ait davantage de chances de croire vos déclarations positives et de les intérioriser. Cela contribuera à établir un lien positif entre vous et lui. Selon l’Étude longitudinale nationale américaine sur la santé des adolescents et des adultes (1), les enfants – indépendamment de la race, de l’origine ethnique, ou du statut socio-économique – qui ont déclaré se sentir liés à un parent sont protégés contre de nombreux types de risques : détresse émotionnelle, pensées suicidaires, tentatives de suicide, tabac, alcool, marijuana, comportements violents, activité sexuelle précoce, etc.

REPAS EN FAMILLE

Un autre excellent moyen de développer la résilience à la maison est de dîner régulièrement en famille. Dans presque toutes les cultures, le partage de la nourriture est un élément important de la création de liens. Des recherches ont montré que plus il y a de repas en famille (jusqu’à cinq fois par semaine), plus l’enfant en profite. Selon ces recherches, voici les conséquences des repas pris en famille : amélioration des résultats scolaires, taux d’obésité plus faible, pensées suicidaires et tentatives de suicide moins fréquentes ; diminution du taux de consommation de drogues, d’activité sexuelle, de suspensions scolaires, d’intimidation ; probabilité accrue du port de la ceinture de sécurité et du casque de vélo (2).

Les repas pris en famille, lesquels peuvent avoir lieu à n’importe quel moment de la journée, doivent être agréables et positifs. Ils permettent aux parents de mieux savoir ce qui se passe dans la vie de leur enfant, renforcent les émotions positives grâce aux échanges, améliorent la communication familiale, et permettent de tenir le rôle de modèle positif.

DES ADULTES ATTENTIONNÉS

Malheureusement, ce ne sont pas tous les enfants qui reçoivent le soutien d’un parent ou qui ont un foyer stable. Même les jeunes qui entretiennent une relation chaleureuse avec leurs parents peuvent bénéficier de la présence d’un autre adulte bienveillant dans leur vie. Les chercheurs ont toujours constaté que l’un des facteurs qui favorise la résilience est la présence dans la vie d’un enfant d’un adulte attentionné auquel il peut s’identifier et par lequel il se sent soutenu.

Une telle présence contribue également à la réussite scolaire. On a découvert qu’en matière de réussite scolaire, le développement d’une relation étroite entre l’étudiant et au moins un adulte bienveillant constitue l’élément le plus déterminant. Selon une étude de la California Mentor Foundation Research (3), 98 pour cent des jeunes qui ont été encadrés ont poursuivi leurs études, 85 pour cent n’ont pas consommé de drogues, 98 pour cent ne sont pas devenus parents pendant leur adolescence, et 98 pour cent ne sont pas entrés dans un gang (4).

La communauté ecclésiale offre une merveilleuse occasion de développer ces relations de mentorat par le biais de l’École du sabbat, du club des Explorateurs, et d’autres activités pour les jeunes. Parfois, ces relations sont établies avec des enseignants dans le cadre d’activités parascolaires telles que les voyages éducatifs, les sports, la musique. Cela peut également se produire au sein de la communauté par des programmes tels que Big Brothers Big Sisters of America (5). Bien entendu, il faut fixer des limites sûres pour prévenir les relations sexuelles inappropriées. Certains adultes, en effet, s’attaquent intentionnellement à des jeunes vulnérables, ou encore, établissent au fil du temps des relations inappropriées avec une intimité accrue.

VIVRE EN COMMUNAUTÉ

Bien que les relations individuelles soient importantes, nous vivons aussi en communauté. Ici, l’église n’est pas seulement utile pour établir des relations de mentorat, mais aussi pour offrir à nos jeunes une communauté de foi. Bien qu’une bonne partie du développement de la foi puisse se faire de façon individuelle, celle-ci peut également se développer dans le contexte d’une communauté
chrétienne. Les jeunes d’aujourd’hui se débattent avec le sentiment d’appartenance à une communauté, car ils sont de plus en plus dépendants des médias sociaux et se sentent de plus en plus seuls. Les églises doivent donc se connecter intentionnelle- ment à leurs jeunes et les encourager à se connecter les uns aux autres.

Les enfants passent plus de temps à l’école que dans toute autre communauté. Les écoles qui encouragent un comportement positif et coopératif, ainsi qu’une culture de l’apprentissage, sont au cœur même de la prévention. Pour commencer, les enseignants peuvent aider leurs étudiants à interagir les uns avec les autres – par exemple, dans des discussions en petits groupes pour encourager les étudiants à mieux se connaître. Ils peuvent aussi les aider en les appelant par leur nom, en établissant des règles et des limites claires dans la classe, puis en les appliquant eux-mêmes et en servant de modèles. On constate que les étudiants pour qui leur école est une communauté ont de meilleurs résultats en matière d’apprentissage, de comportement, et jouissent même d’une meilleure santé.

Bref, dans ce monde de péché, la résilience est essentielle ! Elle se développe par les relations avec les parents et les mentors, dans les églises et les écoles.

Et dans notre sphère d’influence, nous jouons tous un rôle dans le développement de ces relations.


1 https://www.icpsr.umich.edu/web/DSDR/studies/21600.
2 Voir, par exemple, https://www.apa.org/pi/families/resources/ develop.pdf.
3 https://www.camentoringpartnership.org/research.
4 https://www.atlantacaresmentors.org/become-a-mentor.
5 https://www.bbbs.org.


Alina Baltazar, titulaire d’un doctorat ainsi que d’une maîtrise en sciences sociales, est directrice du programme de maîtrise en travail social, professeur adjoint de travail social pour la faculté des sciences sociales, et co-directrice adjointe pour l’Institut de prévention des dépendances (IPA) à l’Université Andrews, à Berrien Springs au Michigan (États-Unis). Gary Hopkins, M.D., titulaire d’un doctorat, est professeur de recherche à l’Université Andrews. Il codirige l’IPA, et dirige le Centre de recherche en prévention.